« Approche, cracha Mazy, essoufflée, épuisée. Je sais que tu caches quelques réserves.
– Que tu dis, répliqua Ourkess, appuyé sur des débris de piliers. Tu es si près de la mort. Tout ce rouge sur le sol relève de ta faiblesse.
– Hum, je crois plutôt que c’est partagé. Mais sache que ta sollicitude me touche. Approche plutôt. »
Ourkess resta muet face au culot de la guerrière. Les yeux écarquillés par la surprise, il cherchait quoi répliquer.
« Tu refuses ? expulsa-t-elle. Alors j’arrive ! »
Mazy quitta sa place forte et chargea le dieu. Blessée, marquée par les coups, le corps lourd et parcouru de bleu violet, et de rouge liquide, elle assuma la parade proposée. La masse effleura sa joue gauche, heurta le métal puis siffla à quelques cheveux de ses lèvres. Prête à tout, la guerrière frappa du pied, du coude, de sa lame. Tout était permis. Elle se baissa face à l’arme adverse, pila et profita de cet essor pour sauter et fracasser la mâchoire de l’immortel.
De rage, il tapa du pied et détruisit les dalles autour de lui. Déséquilibrée, Mazy se laissa attraper. Comme la poupée des sales gosses, elle se vit projetée avec force et s’écrasa sur le mur le plus proche. Le choc fut raide, mais quelque part, elle s’habituait à cette pratique. Jamais agréable, juste plus facile à recevoir.
Ce coup-ci, Ourkess la saisit à la gorge alors qu’elle se relevait au mieux, appuyée sur les coudes, le souffle court. Il la souleva et serra.
« Je dois avouer que tu t’es battue comme jamais. Si tu acceptes ta défaite, je te laisserai vivre. Hum, peut-être attachée par là. Tu me serviras à boire. »
L’immortel poursuivit, la charria, la brava, aveugle à cette lueur qui s’éveillait.
« Tu avoues, sua Mazy, à court d’air. Tu admets ma valeur. »
Remplie de force et de courage, la guerrière puisa au cœur de ses réserves. Du coude, elle visa celui de l’orgueilleux et frappa. L’os du dieu se brisa. Mazy tomba avec lourdeur, le sourire aux lèvres.
« Qui m’a battue jusque-là ? Qui ? hurla-t-elle à ses pieds. Même toi, tu as échoué, j’ai survécu. Et crois-moi, ça va rester comme ça. »
Elle se redressa et martela Ourkess au visage. Déboussolé, il reçut la hache de la femme sur le pectoral gauche. Vive, elle l’ôta, et réitéra. Au troisième essai, le dieu de la guerre lui saisit le bras. Les chicots dévoilés, il la frappa à l’estomac.
« Crève ! lui susurra-t-il à l’oreille.
– Wahou !!! Alors là, bravo. »
Le casse-pied surprise applaudissait à tout-va.
« Quel spectacle, quelle…
– Potehète ! râla Ourkess. Qu’est-ce que tu fais là ?
– Je joue au jeu le plus risqué. Celui de te distraire. Cher frère, piqua le dieu des festivités, j’offre aux autres le loisir de te bluffer.
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– Ce que ça veut dire.
– Évite de te croire le plus rusé.
– Ah, cette place est déjà prise.
– Soit. »
Ourkess relâcha Mazy, à moitié morte, le souffle coupé, et se dirigea vers l’autre dieu. Avec des pas lourds, les doigts serrés autour de sa masse, il progressait, las. À quatre pas de sa cible, celle-ci balbutia quelques mots. Trois pas.
« Euh… » déclara-t-elle.
Deux pas.
« Si vous voulez faire quelque chose, c’est… »
Ourkess se figea. Sa tête, secouée de spasmes, était marquée par la surprise et la colère. L’ombre au cœur de ses yeux parut si fragile, si perplexe. Le dieu de la guerre, si redoutable, déglutit, perturbé.
« Que se passe-t-il ? Que fais-tu, maudit ?
– Moi, répliqua Potehète, je regarde juste.
– L’amour est subtil, réagit Faraky, derrière Ourkess, il peut pousser l’être au-delà de ses limites. Ou le perdre vers l’abîme du désespoir. Tu dois déjà éprouver cette… attaque.
– Composée cela dit, poursuivit Mirta, la maîtresse de l’art. Tu as réussi à te mettre à dos toute la famille. Pour ma part, j’aide Jourtha à te faire oublier ce que tu sais. Tu restes le dieu du combat, mais Mazy est juste meilleure.
– Arrêtez ! »
La voix de la guerrière claqua parmi les débris du palais.
« Il m’a abîmée, c’est sûr, mais c’est moi qui le tuerai !
– Rassure-toi, je te le laisse, déclara Potehète.
– Tu es la seule à pouvoir…
– Oui ! Vous êtes immortels, souffla-t-elle, presque debout, mais je suis imbattable ! La foule se rappellera de moi pour cela. Plus que pour l’aide que j’apporte aux faibles, ou le massacre des tricheurs. Imbattable ! Je suis Mazy, Celle-qui-défia-Ourkess. J’ai même survécu à la dérouillée du siècle.
– C’est vrai, approuva Armouth qui arrivait tout juste. Alors achève cette histoire. »
La guerrière approuva du chef et progressa avec maladresse vers celui qui l’implora :
« Pitié, laisse-moi vivre. »
La gorge serrée de voir celui qu’elle avait toujours admiré supplier de la sorte, Mazy leva toutefois sa hache. Elle devait le faire, pour ses crimes, pour ses victimes.
« Si tu… »
Elle frappa pour tuer.
La tête d’Ourkess roula sur le marbre bleuté, et déversa sa vitalité jusqu’à ses pieds.
Super, j’ai bien aimé !
Continue à écrire, fais nous toujours rever, tu es très doué !
Je ne regrette pas d’avoir fait ta connaissance et d’avoir acheté tes livres! D’ailleurs j’attends avec impatiente la suite de la guerre des oubliés!
Je t’embrasse fort,
Bonne continuation !
Merci beaucoup !!!
Je suis heureux d’apprendre que mes écrits vous plaisent tant, surtout qu’aujourd’hui arrive l’ultime texte de l’aventure de Mazy. C’est un grand moment. Je le présente donc avec d’autant plus de joie. Merci à vous, vraiment.
À bientôt j’espère.