Le face à face ultime

La rage du combat, la peur, quelque part, de céder et d’échouer, la fièvre que Mazy mettait pour progresser malgré la marée, et la douleur. Tout cessa lorsqu’Ourkess hurla à sa horde d’arrêter. Là-bas, à l’autre bout de la salle, il vomit l’ordre escompté. Il les fustigea du regard, leur cracha dessus, alors que sa force armée restait gourde face à cette seule femme.

Elle les avait dépassés.

La guerrière fut sourde à cette ardeur. Car après tout ce temps, après toutes ces batailles et ces faux espoirs, elle avait réussi à accéder à ce lieu si prisé. Cela alors qu’elle vivait toujours. Elle baissa les yeux et admira les marques courbes des dalles de marbre bleu. Elle les suivit jusqu’à se fixer au pied des larges piliers lisses. Elle grimpa vers la voûte et découvrit les reliefs successifs. Quelle merveille ! Elle se trouvait au cœur même de la demeure du dieu de la guerre, haut lieu de gloire chez ceux de sa caste.

« Tu as survécu ! À mes coups, d’abord, pesta-t-il, puis à mes colosses. Tu oses poser le pied ici !

– C’est vrai, l’attaqua-t-elle avec calme, j’ai rejeté la mort, pour chaque gifle que la vie m’a portée. J’ai rêvé d’être là. Que tu m’acceptes, au même titre que les autres. Qui aurait cru que cela se passerait comme ça ? Qui aurait cru que je te ferais face, poussée par d’autres, pour leur faire justice ? Pour te faire payer tes crimes !

– Tu me tutoies ? clama-t-il, le visage secoué par la surprise et la colère. Tu te figures capable de m’arrêter ? As-tu déjà oublié l’effet de mes coups sur ce fétu de paille qui te sert de corps ? Ma pauvre… Et regarde tes blessures ! Le bras droit, la jambe, la tête.

– Tu essaies de me faire partir. Aurais-tu peur ?

– P…, s’étouffa Ourkess. Moi, peur !? »

Trop tard, impossible de faire demi-tour désormais. Par ses paroles, Mazy avait scellé sa vie, ou sa mort. La masse que serra le dieu le prouva, au même titre que le regard de flamme qu’il revêtit. Il hurla, et chargea.

Surprise par la vitesse de l’assaut, la guerrière releva de justesse sa hache et para. Le choc fut trop rude. Projetée, Mazy alla s’écraser sur le pilier le plus proche. La roche céda sous l’impact.

« Voilà ce que tu mérites, hurla Ourkess vers le tas de poussière et de marbre. »

Il cracha au sol et fixa ses colosses.

« Vous valez que dalle. Des microbes ! Pathétiques, pas même… »

La roche s’éveilla pour se jeter droit sur sa tête à toute vitesse.

« Toujours pas morte, articula la demie-déesse qui sortait de sa tombe. Approche ! »

Cette fois, ce fut elle qui prit le dessus. Elle frappa du pied deux autres pierres, pour deux autres projectiles, et courut. Ourkess explosa le premier et réexpédia le deuxième. Esquive rapide de la tête, puis Mazy combla l’écart.

Le métal hurla.

 

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