Infiltration

Malgré l’épaisse couche de pierre qu’Allir avait créée sur sa peau et celle de Voliette grâce à l’un de ses anneaux, le choc de l’atterrissage les laissa meurtris. La dragonne souffrait au flanc droit, son aile tremblait et sa patte antérieure refusait de la porter tout à fait. Malgré tout, les deux binômes d’intrus avaient réussi à survivre à l’assaut inattendu d’Avizaar.
Les étranges projectiles que leurs majestueux compagnons avaient esquivés ne pouvaient annoncer qu’une chose : Bambleck, ou l’un des siens, contrôlait la plus grande et la plus importante des cités volantes. Celui ou celle aux commandes de cette pièce maîtresse possédait dès lors un atout de poids dans cette course. Allir et Aljère devaient se hâter de poursuivre leur quête.
Conscients que leur entrée n’était pas passée inaperçue, ils s’empressèrent de trouver un endroit au loin où cacher les dragons, si tant est que ce fût possible. Là, dans ce bâtiment éventré, Voliette pouvait se glisser. Et ici, si Anktor acceptait de demeurer baissé, il tiendrait dans cette maison en ruine. La chose entendue, Allir récupéra la flûte qui lui avait permis de jouer la mélodie levant le bouclier des cités, malgré l’approche folle et les esquives aériennes, et attrapa son sac d’anneaux. Puis les deux humains s’enfoncèrent dans la ville sans demander leur reste, le chemin vers leur destination prochaine tout tracé dans leur esprit.
S’arrêtant fréquemment pour observer les environs, et ainsi éviter toute mauvaise rencontre, les archilleurs ne trouvèrent leur première âme qu’une heure après leur départ. Au pied du bâtiment qu’ils ciblaient, une grande place circulaire accueillait un véritable campement. Des toiles de tente dansaient doucement sous la brise, au même rythme que différents étendards. Comment cet équipement avait pu être monté jusqu’ici, ils l’ignoraient. Une certaine effervescence agitait la trentaine d’hommes visibles. La main non loin de leur arme, ils observaient les environs nerveusement.
La gorge nouée, les mâchoires serrées, Allir et Aljère se regardèrent, indécis sur la marche à suivre. Ils devaient absolument trouver un moyen de traverser ce village de mercenaires. Leur destination se situait là, juste derrière ces malvenus. Mais à eux deux, ils n’avaient aucune chance. Peut-être qu’avec l’appui de Voliette et Anktor. Il leur fallut qu’une fraction de seconde pour rejeter ce plan. Si les tours se réveillaient à nouveau, ils mettraient en danger leurs compagnons.
Un sourire naquit au coin des lèvres du premier archilleur. Connaissant suffisamment la ville, et le bâtiment qui leur faisait face, une idée germa dans son esprit.
Sans dire un mot, il entraîna son confrère à sa suite. De rues en ruelles, de ruelles en venelles, ils contournèrent la place à la recherche d’un lieu en particulier. De temps à autre, des bruits de course les contraignaient à se cacher et attendre que l’orage passe. Aux questions, Allir ne répondait que par des sourires, et un regard empreint de malice. Lorsqu’il s’enfonça dans une maison sans intérêt particulier, il n’en dit pas plus et grimpa un escalier. Parmi les ombres et les débris, Aljère découvrit ce qu’il restait d’une chambre, les murs totalement effacés par les âges, et une vue imprenable sur leur destination. Un trou béant les invitait à entrer, malheureusement à de trop nombreux pas de distance. Sans compter celle qui les séparait du sol, probablement trois ou quatre étages. Pourtant, Allir ne cessait de sourire. La main fourrée dans son sac, il en tira l’un de ses anneaux magiques, et de son air fripon glissa :
« À quel point tu me fais confiance ? »

suivant2
 


n'hésitez pas à laisser un commentaire