Comment faire ?

Après plusieurs heures de réflexion infructueuse, Allir mit fin à la discussion distante qu’il entretenait avec son homologue et concéda à le laisser entrer dans son musée personnel. Aljère découvrit alors la plus vaste salle de la demeure composite de son hôte. Celle-ci recelait de nombreux éléments arrachés aux cités volantes, bien sûr, mais aussi aux différentes tours de mages visitées à ses débuts. Ainsi, un automate reconstitué prenait place à côté d’une vitrine emplie de babioles en tout genre. Des parchemins, dont certains déroulés et habillés de runes et cercles mystérieux, attendaient la poursuite de leur étude sur un autel finement sculpté. Un long établi alourdi de potions aux teintes variées, parfois fumantes, marquait le centre de la pièce semi-circulaire. À quelques pas seulement d’Aljère, les fameuses cuves tout juste dénichées l’invitaient à davantage d’intérêt. Pourtant, ce furent les innombrables bibliothèques qui achevèrent de l’étonner. Suivant au mieux la courbe maladroite des murs, elles recelaient autant de secrets que de thèmes abordés.
« Ne touche à rien, veux-tu ? »
La voix d’Allir claqua dans l’air, mettant fin à son observation. Cette marque de méfiance refroidit les ardeurs d’Aljère, bien qu’au fond, il ne pouvait guère lui en vouloir. Il ne partageait pas sa pensée sur cet épisode de leur passé commun, mais il la comprenait. Désireux de participer plus activement à celui bien présent, il laissa de côté la réflexion tranchante qui lui était venue en tête, et s’approcha du livre étudié par son hôte.
« C’est grâce à celui-ci que j’ai pu lever le bouclier des cités volantes », l’informa Allir.
Malheureusement, les textes, écrits dans une langue encore incomprise, demeuraient totalement indéchiffrables. L’archilleur avait dû se focaliser sur les schémas et autres illustrations, majoritairement explicites, et jouer avec son esprit de déduction. La musique, cependant, semblait avoir traversé les âges de façon plus ou moins universelle. Quelques tentatives, associées à une bonne oreille. Voilà comment il avait réveillé une civilisation endormie depuis des décennies, peut-être des siècles.
Découvrir ce secret emplit Aljère de plus de respect qu’il n’en avait jamais eu pour quiconque. Allir pouvait effectivement se vanter d’être le premier archilleur. Celui qui avait ouvert une voie autrefois inatteignable. Cela n’excusait toutefois pas certains traits de son caractère. Il en avait certes trouvé la clef, les cités volantes n’en restaient pas moins un trésor commun.
« Regarde, reprit le maître des lieux en tournant quelques pages, ce livre semble expliquer comment modifier…
– Attends ! » s’écria Aljère.
Un schéma en particulier avait attisé son intérêt. Il obligea Allir à revenir en arrière et pointa du doigt ce qu’il avait justement repéré. L’illustration sur le feuillet représentait un ensemble de villes encerclant une dernière, plus grande. Des traits les reliaient les unes aux autres, comme un vaste réseau. Plus étrange encore, ces liens prenaient racine autour de la cité centrale.
Aljère releva la tête, il savait où aller !

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