La petite fille

Voici la deuxième partie de l’histoire des réfugiés. L’intérêt de cet exercice est de faire progresser des personnages en changeant à chaque fois de point de vue. Cette fois, c’est sous l’œil d’une petite fille que je tenais à raconter leur fuite.

Si vous n’avez pas lu la première partie, vous devriez demander au passeur.

Il faisait drôlement noir, bien plus encore maintenant que leur guide avait commencé à replacer les rochers dans leur dos. La petite fille leva les yeux vers son père qui lui dédia un petit sourire encourageant. Alors, comme elle le lui avait promis, elle s’arma de courage et redressa les épaules. Cependant, elle se retourna vivement lorsqu’elle entendit la dernière pierre crisser.

L’obscurité était désormais totale et une peur légitime commença à monter en elle. Ishtabielle ne voyait plus ses pieds ni même le bout de son nez, elle se sentait enfermée dans le tunnel creusé dans la muraille des méchants lisnaliens, et sa mère n’était pas là. Comme en écho à son vœu intérieur, une main vint se poser sur son épaule pour la rassurer. Elle entendit son père poser un genou à terre et lui chuchoter à l’oreille que tout allait bien se passer. Ishtabielle avait juré devant une stèle des ancêtres qu’elle se montrerait forte et qu’elle ferait honneur à son nom. Mais ici, enfermée, dans le noir, être forte semblait au-delà de ses forces. Son père souffla un dernier mot et se redressa.

Le guide rappela à tous que le silence était leur seul espoir, un silence de mort. Nulle lumière ne serait allumée et donc, Ishtabielle et les autres réfugiés allaient devoir avancer à tâtons. Loin d’être la dernière, cette épreuve était la plus difficile. Ça, elle voulait bien le croire. Car depuis le départ, elle avait espéré que leur guide allume une torche et ce, bien qu’elle n’en avait vu aucune trace. Peut-être qu’il la cachait dans son dos pour leur faire une surprise, ou le long de sa jambe, dans son pantalon ample. Ou même peut-être qu’il y avait une réserve dans les murailles. Mais non, les ténèbres devaient couvrir leur progression. Dès lors, sa gorge se noua.

Ses pieds commençaient à lui faire mal et ses jambes étaient lourdes. Sa main, qui restait toujours en contact avec le mur, commençait à être irritée par la pierre. Avancer dans ce tunnel n’était pas facile. Les gens devant la petite fille n’avançaient pas vite, ceux dans son dos lui marchaient sur les pieds, alors qu’elle-même devait faire tout ce qu’elle pouvait pour ne pas se tordre une cheville sur les cailloux. Il faisait froid malgré ses efforts. Heureusement, son père lui tenait constamment la main. Elle puisait un réconfort s’amenuisant à ce contact qui pourtant faisait tout pour l’aider à marcher droit et à ne pas chuter. Mais allaient-ils un jour sortir du tunnel noir ? Ishtabielle ne savait même pas depuis combien de temps ils marchaient.

Elle mit un pied devant l’autre, puis un autre, puis elle percuta son prédécesseur et lui tomba presque dessus lorsque l’homme derrière elle la bouscula à son tour. Que se passait-il ? Des chuchotements commençaient à se faire entendre. Ils étaient arrivés ? Ils étaient arrivés ! Enfin, au bout de cet enfer. Le guide intima le silence et lorsqu’il l’obtint, Ishtabielle entendit l’heureux son de la pierre qui glisse pour laisser entrer une faible lumière.

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