Que faire face à Ourkess ?

L’humeur globale au cœur de la demeure des immortels vacillait. Agir. Laisser faire. Protéger Mazy. Regarder Ourkess exercer ses représailles. La peur à l’égard du dieu de la guerre créait des débats parfois houleux, voire des rivalités. Qui désirait se rallier à lui pour éviter sa colère, qui parlait de lutter, qui assurait qu’il était libre d’opérer.

Toutefois, le décès de Garguyme semblait tous les mettre d’accord. Malgré l’irritabilité que provoquait le Capricieux chez ses frères et sœurs, il restait attaché à l’esprit de tous. Ourkess avait mal agi. Il devait être châtié.

Puis la peur refaisait surface et retrouvait sa sombre place.

Que faire ? Trahir sa caste ? Se battre avec la certitude de mourir ? La querelle se poursuivait, se répétait, comme si la perpétuité s’était emparée du sujet.

Ce fut lorsque ce cirque se réitéra qu’Armouth se leva, à la surprise de l’assemblée. Il croisa les doigts sous sa mâchoire et observa les dieux autour de lui. Le calme les séduisit, jusqu’à ce que le maître de la mort murmure :

« Le cycle. »

Puis il se tut.

Il fixa avec plus de force ses frères et sœurs.

« Je cherchais la meilleure approche, la meilleure démarche pour vous le déclarer. Mais c’est impossible », souffla-t-il, les yeux désormais clos.

Il les rouvrit, le regard sévère :

« Alij le Faiseur est mort, lui aussi. »

La chorale de refus de la réalité, de promesses futiles de représailles et d’ordres de repli s’éleva et se répercuta sur les murs de la demeure des immortels. Toutefois, la voix d’Armouth y trouva sa place :

« Gormo, toi qui offre à tous la joie des cycles, je suppose que tu seras sa future cible. »

Cette seule parole rétablit le calme, par la terreur.

« Il faudra, je l’espère, du temps pour qu’Ourkess réalise que Mazy quitte le cycle des mortels pour rallier celui des dieux. Mais lorsqu’il le fera, il te jugera coupable. À l’heure actuelle, il supprime ses aides délibérées. Suite de quoi, il passera aux autres, puis à tout être qui a refusé de la dissuader. Il pourrait même châtier ses propres âmes pour l’avoir laissée vivre. Il faut se réveiller, il risque de dépêcher plus de guerriers sur Terre, par groupes. Et alors quoi ? pressa Armouth.

– Il dit vrai, approuva Jourtha, le dieu du savoir et de la sagesse. Gormo, étire les cycles de faim et de sommeil de Mazy. Elle doit pouvoir réfléchir, avoir plus de temps pour agir. Faraky, exalte ses émissaires. L’idée de la femme est agile, il lui faut l’appui des foules !

– Et quoi, je dois les forcer à l’aimer ?!

– Pas l’aimer, l’idolâtrer. Faraky, c’est toi qui disais que tu avais pour devoir d’aider cette amourette. Alors, souffle sur la flamme. »

Le doute. Voilà ce que découvrit Armouth à la lisière de l’esprit de ses frères et sœurs après la prise de parole de Jourtha. Cela le fit sourire. Garguyme l’avait-il vu arriver ? Était-ce pour cela qu’il s’était sacrifié ? Lui qui avait toujours été le plus proche des mortels.

Désormais, il restait à savoir si le dieu de la sagesse avait réussi à persuader Faraky et Gormo. Et quoi faire de plus.

 

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