Le duel

Plus fière que jamais, la childa ouvrit les bras pour accueillir celui tout juste recraché par l’orage. La joie, idyllique, fit apparaître des larmes au creux de ses yeux. Le dieu de la guerre l’avait choisie, elle, pour guider sa voix vers l’esprit des mortels. Quelle merveille !

Elle s’abaissa face à l’émissaire et débuta sa prière.

Assiégée par l’euphorie, la childa resta sourde lorsque le soldat d’outre-tombe tira l’arme attachée à sa taille. Elle rêvait éveillée. Ce jour marquait le plus beau de sa vie. Pour quel motif devrait-il s’assombrir ?

Ce fut toutefois ce qu’il fit. Par la plus brutale des voies.

Alarmée par le bruit de course de Mazy, elle réalisa que l’émissaire d’Ourkess abattait sa lame. Droit vers elle. Puis ce fut le choc. L’ombre voila ses yeux.

*

Voir Celle-qui-défit-les-pillards se relever le surprit. Avec ce qu’elle avait pris, l’aubergiste était sûr de sa mort. Au bout du compte, l’histoire moult fois écoutée ce jour se révélait peut-être exacte. Mais tout de même, tous ces détrousseurs, à elle seule !

Toutefois, blessée comme elle l’était, la suite risquait d’être difficile.

L’homme haussa les sourcils lorsqu’il la vit tirer sa hache. Pas plus tard, elle attaqua. Le guerrier riposta, et tout s’emballa.

Esquives, parades, frappes et représailles.

La foule de badauds massée là restait muette. Impossible de dire si elle était pour Mazy, au vu de ce que le colosse avait fait à la childa, ou pour l’émissaire du dieu. Malgré tout, le respect à l’égard des immortels et de leurs désirs subjuguait les cœurs.

Là, Mazy para et se fit arracher le reste du bouclier. L’autre sourit et projeta de toutes ses forces sa prise. Le bois suivit sa route, traça sa courbe au-dessus du sol, puis décida de s’écraser vers l’aubergiste, qui se couvrit au mieux.

*

Affolée, elle vit le projectile tomber parmi les villageois. Puis ce fut au tour de Mazy de chuter. Frappée avec dureté, la guerrière heurta le pavé quelques mètres après. Pour demeurer immobile. Elle-même étouffa sa peur.

Peu importait Ourkess, cette femme s’était jetée au cœur de la bataille pour sauver la childa.

Désormais, elle écumait. Elle voulait bouger ses jambes et agir comme Celle-qui-défit-les-pillards, l’aider ! Mais elle restait là, à regarder le colosse s’approcher de leur lueur d’espoir.

Aux pieds toujours fixes de la guerrière, il sembla rire de félicité. Il lui attrapa la cheville et la souleva pour assurer à tous sa victoire. Le cœur de la villageoise se serra.

Puis, vive comme l’éclair, Mazy ouvrit les yeux et frappa l’estomac de l’émissaire d’Ourkess. Elle amortit sa chute au mieux et, par la force du désespoir, se jeta sur sa victime qu’elle assaillit au cou. Pas plus de deux coups, et sa tête roula sur le sol.

La villageoise refusait d’y croire. L’esprit fermé au futur, aux séquelles du geste de la guerrière, elle acclama la femme qui s’affaissa sur le pavé.

 

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