Mazy rallia le troisième lieu habité depuis sa victoire sur les pillards. Elle cherchait toujours la meilleure offre pour débourser sa collecte. À l’opposé des deux premières, cette localité semblait regrouper assez de public pour accueillir des commerces divers. Quelques soldats pour la sécurité. De l’activité. Des sujets de débat variés. Cette bourgade pourrait peut-être receler ce que la guerrière espérait.
Toutefois, à l’image de ses deux essais passés, Mazy recevait les mêmes œillades surprises. Comme si la plupart de ces hommes et femmes se rappelait d’elle, et l’applaudissait au cœur de leur esprit. Pour quel motif ? Elle aurait voulu le savoir. Sa hâte prit le pas sur la curiosité et elle s’empressa de poursuivre sa route.
La terre battue, foulée par les pieds de tous ces quidams, la guida vers la place où se regroupait la majorité des échoppes. Le fracas du métal attira vite la visiteuse, qui se faufila vers la source du bruit, sous le regard toujours surpris des villageois.
« Mais, s’éclaira le grouillot…
– Mais quoi ?! s’agaça Mazy. Qu’est-ce que vous avez tous à me fixer comme ça ?
– Mais, mais, mais… », reprit-il.
Elle frappa l’établi et se posa avec lourdeur dessus, les yeux rivés sur ceux du bafouilleur.
« C’est quoi ce tapage ? »
Le maître de la forge cessa ses frappes vigoureuses, et découvrit Mazy. Comme les autres, il écarquilla les yeux, puis acquiesça pour lui-même.
« Petit, dit-il de sa voix sourde, surveille le feu, je m’occupe de Madame. »
L’homme le regarda filer, le sourire aux lèvres, et agita ses épaules de joie.
« Il est brave, j’espère qu’il vous a pas posé d’problème.
– Ça va. C’est oublié. Mais dites-moi plutôt pourquoi vous me fixez tous avec cet air ?
– Pour ce que vous avez fait à Ogtour pardi ! Merci pour eux, d’ailleurs.
– Ogtour ? »
Mazy semblait tout à fait perdue.
« Eh, oui. C’que le voyageur dit m’paraît beaucoup pour la seule guerrière que vous êtes, mais la vérité, c’est q’vous les avez libérés de ces voyous. Et c’est apprécié, sachez-le. Mais c’est pas pour ça qu’vous êtes ici. Qu’est-ce que je vous sers ?
– Le bouclier, là-bas. Et où je peux trouver celui qui a parlé de moi.
– Hum, vous avez l’œil. Et l’or j’espère, rit-il. Sauveuse ou pas, j’peux pas vous faire de prix. Les affaires, vous savez.
– J’ai ce qu’il faut, je refuse la charité. Et pour l’autre ?
– Je crois qu’il prévoyait de rester. Vous le dégotterez juste derrière vous, à l’auberge.
– Merci. » dit-elle alors que sa bourse s’allégeait.
Le bras chargé du bouclier, Mazy fixa ‘’L’ours bipède‘’, la bâtisse où, elle l’espérait, le présomptueux se trouvait toujours.