Voici la deuxième partie du portail, (si vous n’avez pas lu la première, c’est par ici).
J’ai très rapidement vu le dernier texte. Et le sachant très court, je me suis permis de prendre un peu de place pour le premier. Vous allez donc être plongés dans deux nouveaux univers, vers deux nouveaux personnages qui vont pourtant vivre une expérience similaire :
La lune, pleine, illuminait la forêt de sa lueur orangée. Le temps d’une nuit, elle s’offrait, prête à embrasser le monde. Assumant ses imperfections, elle dominait le ciel de son immensité.
Au pied d’Amontier, l’arbre millénaire, gardien de la forêt, Feuille Ascendante pouvait sentir les bras de l’astre protecteur. Ils s’enroulaient, pleins d’amour, autour de cette graine qui les portait, lui, ses confrères, l’arbre qu’ils entouraient, la forêt, les animaux qu’elles contenaient, les plaines alentours et les contrées lointaines. La lune venait, en cette nuit tant attendue, dispenser l’énergie des étoiles, accumulée durant les siècles, et régénérer le monde.
Feuille Ascendante souffla sur la dernière rune gravée sur le bois d’Amontier, admira son travail et fit un pas en arrière pour avoir une vue d’ensemble. Les arbres créaient un lien entre le ciel et la terre, et Amontier était le plus puissant d’entre eux. Ses racines rejoignaient celles des autres gardiens, préservant l’équilibre physique du monde. Ses branches se perdaient si haut dans le ciel qu’elles pouvaient communiquer avec les nuages. De nombreux oiseaux, voyageurs et témoins d’autres vies, venaient s’y reposer et raconter leurs aventures. Ainsi, en cette soirée où l’énergie de la création et de la destruction imprégnait chaque être, Feuille Ascendante espérait se voir accorder le droit de marcher vers un autre monde.
Ses compagnons venaient de finir les cercles druidiques, ensembles de feuilles, de brindilles. À chaque point cardinal, le symbole de l’un des quatre éléments trônait en leur centre. Ils s’accroupirent à même l’humus et entamèrent leur méditation, accordant leur flux vital à celui de la nature. Feuille Ascendante, confiant mais humble, les rejoignit bientôt.
Il ferma un instant les yeux, concentré sur sa demande adressée à la lune, à Amontier et à l’énergie des étoiles. Lorsqu’il les rouvrit, des étincelles blanches planaient dans le ciel et vinrent se perdre dans les branches de l’arbre. Il vit très clairement la lumière traverser le bois pour venir illuminer les runes tracées. Puis l’arbre craqua, comme frappé par la foudre, et laissa apparaître un passage dans son tronc.
Feuille Ascendante remercia la Vie et pénétra dans l’arbre, abandonnant ses compagnons derrière lui. Le gardien se referma, avalant le druide.
Il n’entendit pas le sas s’ouvrir derrière lui. Heureusement, son collègue lui tapa l’épaule pour le faire sortir de son demi-sommeil. Douan sursauta, regarda autour de lui, réalisa où il se trouvait et se redressa comme si de rien n’était.
« Bonsoir messieurs, déclara simplement la femme qui venait d’entrer.
-Ah, bonsoir madame Divuis. Vous rentrez encore tard chez vous ce soir. Faites attention à ne pas trop vous fatiguer. »
La scientifique lui sourit avant de rentrer dans le téléporteur : « Ah, si seulement, soupira-t-elle Je suis sur un projet, et je pense que je tiens quelque chose. Donc à moins de me tromper, vous me verrez encore pendant quelque temps. Bon, messieurs, bonne nuit et bon courage.
-Merci madame, lui répondirent-ils en cœur. »
La scientifique entra ses coordonnées sur le tableau à sa droite, avant de se mettre à briller. Cette scène vue, vue et revue des centaines de fois n’impressionna pas Douan. Il n’y avait que les enfants pour s’amuser encore à se téléporter n’importe où. Pourtant, lorsqu’un éclair sortit du tube, le gardien de nuit tomba en arrière. Il vérifia qu’il était toujours entier puis passa à son collègue, avant de jeter un coup d’œil par-dessus son bureau. Et là où se trouvait une minute avant cette chère madame Divuis, seul restait un tas de cendres fumantes.