La Licorne des Océans

Comme le texte précédent, celui-ci devait faire partie de l’aventure de Carmin. Jusqu’à ce que je réalise qu’ils ne me convenaient pas, changeant totalement le caractère du personnage principal.

Voici tout de même ce qui devait être la troisième partie :

Tiens, pensa-t-il en découvrant la devanture rénovée, les affaires marchent bien. La Licorne des Océans voyait ses couleurs ravivées d’une manière pour le moins artistique. Et Carmin n’était pas sûr d’approuver ces changements. Pour sûr, le bois fané n’attirait pas les potentiels clients. La question maintenant était de savoir si les piliers bleu cyan, les cadres rouges et ce jaune pâle sur les murs ne les feraient pas fuir. Enfin, Targin faisait ce qu’il voulait de son comptoir.

Un sac sur l’épaule, habillé pour l’occasion, personne ne s’étonna de voir entrer un marin. Il salua les clients, prit la porte sur sa droite et s’engouffra dans un couloir encore inviolé par le mauvais goût de son propriétaire. Carmin s’arrêta net. Peut-être était-ce lui qui n’y connaissait rien en art ? Il haussa les épaules, laissant cette question sans réponse, et reprit son chemin.

Arrivé au bout du passage, il frappa à la porte et entra sans attendre :

« Bien le bonjour, cher Targin, dit-il en venant s’asseoir. » Il se pencha sur le côté, un coude sur le bureau, l’autre sur le haut de sa chaise. « Comment vont les affaires ?

-Carmin, soupira Targin en levant des yeux las de ses comptes. Tu es encore passé par la grande porte, j’imagine.

-Bien sûr, pour qui tu me prends ? Une si belle façade, ça aurait été dommage de la rater.

-Tu ne peux pas entrer et sortir comme ça. Qu’est-ce qu’on fera si quelqu’un te reconnaît ?

-Aaah, Targin, tu as encore beaucoup à apprendre. Être évident au point que personne ne te remarque est l’une des clefs. Et puis, ça ajoute un peu de piment. Tu préférerais que je passe par le toit ? Je peux si tu veux.

-Non ! Oublie ça. Mais je ne suis pas marchand d’épices, ton piment, tu peux te le garder.

-Marchand d’épices ? Hahaha. » Carmin reprit son sérieux. « Une blague…pour ça aussi tu as besoin de prendre des leçons.

-Ça suffit, qu’est-ce que tu me veux ? »

Notre voleur farceur ouvrit son sac, fouilla dans les vêtements qu’il contenait et y puisa un carré de tissu plié. Une fois posé sur le bureau, Carmin le déplia, libérant colliers, bagues et autres bijoux rutilants.

« Ta prise de la semaine passée ? Je prends pas, trop risqué. Les gardes sont déjà venus fouiller tous les comptoirs du quartier.

-Justement. Pourquoi crois-tu que j’ai attendu autant ? Nos amis commencent à se fatiguer, ils se découragent. Et maintenant qu’ils sont passés, tu ne risques plus rien.

-Je ne risque plus rien, s’emporta Targin ?! Tu réalises que tu n’es pas le seul à faire appel à mes services ? J’ai dû fourrer toute ma marchandise où j’ai pu à quelques secondes seulement de leur arrivée.

-Allez, mon ami. Sans mes trouvailles, tu n’aurais jamais pu repeindre ta licorne.

-Et sans mon réseau et mes premiers bateaux, tu ne les aurais jamais vendues.

-C’est vrai, avoua Carmin sans pour autant se démonter. Pour me faire pardonner, je te propose cinq pour cent sur le prix habituel.

-Dix !

-Tu es dur. J’accepte, en l’honneur de notre amitié. »

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