Le monstre des collines (Albios)

Après (L’apprenti hurkane (Axrel),L’apprenti hurkane (Guert) et L’apprenti hurkane (le roi) ), voici une nouvelle tentative d’écrire une même scène sous le regard de trois personnages différents. Loin des cours de château, voici l’histoire de deux petits garçons qui partent en quête de champignons pour leur mère. Selon une légende locale, un monstre rôde dans les collines environnantes.

 

Albios aurait pu se frotter les mains d’un plaisir assuré si son petit frère Bourti n’avait pu le voir. Ce n’était qu’une petite farce planifiée, rien de bien méchant. Et peut-être qu’après cela, Bourti n’aurait plus peur du monstre des collines. Enfin, sur l’instant, ce n’était autre qu’imaginer le sursaut qu’il ferait en voyant leur frère Iélien dévaler la colline en hurlant, un masque sur le visage, qui le fit sourire.

« Arrête d’avoir peur comme ça, finit par s’agacer Albios tandis qu’ils se dirigaient vers la forêt pour cueillir des champignons !

-Mais le monstre, il existe. Je l’ai vu.

-Et il s’est pas dit qu’il viendrait te croquer ? Un petit enfant comme toi, ça lui aurait fait un bon casse-croûte.

-Arrête.

-Allez, viens, il n’y a pas de monstre je te dis.

-Mais si ! Je…

-Oui, tu l’as vu. »

Bien sûr, cette farce devait être amusante, cependant, Albios était tout de même obligé de supporter les gémissements de son frère apeuré. Et leur allure en était d’autant ralentie. Bourti ne cessait de regarder à droite et à gauche. Selon la légende, le monstre des collines profitait du relief pour se cacher, même dans les recoins qui semblent plats à l’œil. Le moindre vallonnement, la moindre butte de terre pouvaient abriter le monstre. Et lorsque ses proies, terrorisées par ses grognements, finissaient par s’enfuir, la chasse commençait. Généralement, elle ne durait pas bien longtemps et la proie finissait déchiquetée par les griffes et les crocs du monstre.

« Arrête de regarder partout comme ça, il n’y a pas de monstre. » Et tu vas gâcher la surprise, pensa-t-il.

« J’ai peur.

-Oui Bourti, je sais. Mais réfléchis, si tu ne cours pas, le monstre ne s’en prendra jamais à toi puisqu’il attend toujours que les gens se mettent à courir.

-Sauf les enfants ! Ils aiment manger les enfants, alors là, il attend pas le monstre. Il vient tout de suite nous manger. »

Qui avait pu lui mettre cette nouvelle idée dans la tête ? Enfin, cela n’avait plus guère d’importance maintenant. Ils s’approchaient de la colline où Iélien devait se cacher. Encore quelques pas, et voilà. Un grondement sourd retentit dans la plaine, Bourti eut un cri de terreur.

« Tu as entendu ?

-Non, de quoi ? » Il y va fort, même moi j’y ai cru.

Un autre grognement, puis un nouveau cri. Ça commence, pensa-t-il avec un sourire ravi.

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