Le Héron NS-3007

Pour une fois, je voulais m’essayer à un tout autre style : la Science Fiction. Bien que les mondes médiévaux m’attirent, j’avais envie de changer le temps d’une petite aventure. Et ce, toujours dans l’optique de créer une situation en utilisant le moins de mots possible.

Le froid commençait à s’installer tout autour de lui et, excepté la faible lueur des étoiles, seul le gros boutons rouges brillait. Et encore, par intermittence. Si seulement il pouvait arrêter de clignoter comme ça et rester allumé ! Ou alors éteint ! Par tous les dieux du cosmos infini, comme cette lueur lui était pénible. Aux portes d’une mort où la solitude luttait contre le froid pour l’emporter, Jarid ne pouvait même pas profiter du calme de la dérive. S’il arrivait à se sortir de ce mauvais pas, chose dont il doutait même dans les recoins les plus optimistes de son âme, la première chose qu’il ferait serait de trouver le scientifique qui avait inventé ce voyant. Ensuite, il l’assommerait, le fourrerait dans un vaisseau endommagé et l’enverrait au loin. Cette maudite chemise à double rayures verrait à quel point cette lueur était agaçante.

Jarid frappa de toute la force de sa rage sur le tableau de bord. Et, lorsqu’il regarda sous son poings fermé, l’ampoule était toujours là :

« Mais qui est le fils d’aragole bigleux qui m’a inventé ces ampoules souples ! Arrête ! Je sais que mon système d’armement est H.S., je sais que mes moteurs ont été touchés et par-dessus tout, je sais que ma radio est morte ! Tu veux pas plutôt me dire un truc utile ? »

L’ordinateur fit, d’une voix exempte de tout sentiment, la liste de toutes les avaries dont souffrait le Héron, ajoutant trois problèmes majeurs que Jarid avait préféré mettre de côté.

« Mais tais-toi ! » Jarid redoubla d’effort en frappant le tableau de bord de ses deux poings.

« Veuillez rester calme. Votre comportement accélère la perte d’oxygène. Veuillez rester…

-Comment veux-tu que je reste calme, entre cette lumière et tes conseils à deux crédits standards ?

-D’après mes derniers calculs, et si vous refusez de vous calmer, vous serez en manque d’air dans dix minutes. »

Jarid se mit à rire face à sa situation. Dire qu’il désirait se perdre dans l’espace, dans le silence, et qu’il se confrontait à une I.A. Non, s’il voulait le calme, il devait le provoquer.

« Héron NS-3007, désactive tous les systèmes inutiles à ma survie. Et par pitié, éteins moi cette lumière. Je sais dans quel état est mon vaisseau. »

C’était étrange de voir combien l’univers était beau. Jarid avait déjà plus de cent heures de vol à son actif, pourtant, jamais il n’avait pris le temps de contempler les étoiles. Il y en avait des milliers, certaines brillaient d’un éclat rougeoyant, d’autres d’une petite lueur bleue. Et celle-ci, d’une blancheur immaculée, était bien plus grande et belle que toutes les autres. L’oxygène devait commencer à lui manquer, puisqu’elle semblait grossir. Jarid se frotta les yeux pour se réveiller, puis il releva péniblement la tête. La fatigue commençait effectivement à se faire sentir, et cette étoile mouvante n’avait rien de réellement rassurant. L’I.A. avait pourtant dit dix minutes, certes, il ne s’était pas calmé dans l’immédiat mais tout de même. Ou alors, Jarid s’était endormi sans s’en rendre compte. Non, impossible ! C’était un pilote entraîné, et cette situation critique ne lui était pas inconnue. Il faisait souvent des simulations dans les pires conditions. Certes, il s’était emporté contre son Héron mais cela était plus un jeu pour lui qu’une réelle réaction de stress.

« Héron NS-3007, réveille toi mon vieux. Dis moi, quelle est cette étoile qui brille autant ?

-Ceci n’est pas une étoile.

-Pas une étoile ?

-Non capitaine, c’est un croiseur Goéland de l’Alliance.

-Un croiseur. Vite, réactive la balise de détresse et les systèmes de signalisation ! »

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