Comme l’exercice précédent, je voulais raconter un moment simple, une matinée ou une simple rencontre. La particularité venait du fait que le personnage principal était une femme de la noblesse au caractère léger, ainsi que je ne l’avais jamais fait. Et cette fois aussi, de nouvelles idées me sont venues, transformant cet instant quotidien en une matinée pleine de promesses. Je ne mentionnerai pas les 356 mots en trop :
Ses yeux s’ouvrirent sur un nouveau jour, elle jeta la couverture, bondit hors de son lit et chercha ses pantoufles. Comment faisaient-elles pour toujours se cacher sous la commode ? Peu importait, Aléna ouvrit sa fenêtre puis ses volets et, sans se fâcher de l’éblouissement, elle huma profondément l’air. « Aaaaaaah, souffla-t-elle empreinte d’une joie mêlée à l’excitation ! » Des hommes sifflèrent leur approbation plus bas dans la rue. Les joues rougies par la gêne, elle cacha de ses bras fins son corps uniquement vêtu de sa tenue de nuit. Quelle honte, jamais elle n’aurait dû se montrer ainsi. Cependant, un petit sourire de satisfaction se dessina au coin de ses lèvres lorsqu’elle se détourna de sa fenêtre.
Le pas dansant, elle se dirigea vers sa porte et tira sur le cordon suspendu au plafond. Une petite cloche au son cristallin retentit dans le couloir. En attendant qu’Asride n’arrive pour l’habiller, elle rejoignit son armoire d’ébène et ouvrit les deux battants. Sifflets en bois exotique, petites poupées de chiffon du sud de l’Orprade, une dague courbe Ar’ashar, assiettes des terres arides d’Amnourie… Tant de cadeaux souvent peu coûteux mais au combien précieux à ses yeux. Tout cela représentait l’aventure, la vraie, celle qu’elle voulait vivre.
Trois coups furent frappés sur sa porte d’entrée. « Entre Asride. »
La femme s’exécuta : « Madame m’a fait demander.
-Oui oui, ferme la porte derrière toi, dit-elle d’un air hautain. » Lorsque la porte fut close, elle reprit enjouée, presque en sautillant : « Asride, il est arrivé, c’est le grand jour.
-Ouiiiiiiii, il va vous emmener.
-Oh, combien de temps ai-je rêvé ce jour ? Te rends-tu compte ? Après tous ces cadeaux que mon oncle m’a ramenés de ses voyages, après toutes ces histoires fantastiques qu’il m’a comptées, je vais enfin pouvoir vivre une de ses aventures et voir les milles merveilles du monde.
-Votre rêve devient réalité madame. »
Aléna connaissait bien sa confidente maintenant, et elle savait quand une chose la rendait triste.
« Qu’y a-t-il, reprit-elle avec douceur ? Ne nie pas, je le vois que quelque chose te tracasse. Asride ! Tu sais que je n’aime pas que tu me pousse à user de mon titre sur toi. Dois-je te rappeler que je suis la fille préférée du grand Duc de MontArgent, demanda-t-elle avec une autorité feinte ? Peut-être voudrais-tu que je lui mentionne ton manque d’obéissance ? »
La femme de chambre ne put résister au sourire à la fois doux et triste de sa maîtresse : « C’est que, madame, je serai bien seule lorsque vous nous aurez quittés.
-Mais voyons, qui, crois-tu, recevra mes plus beaux trésors ? À qui compterai-je mes plus belles histoires lorsque je reviendrai ?
-Chérie ? » La voix du Duc filtra au-travers de la porte. « Ton oncle vient d’arriver, es-tu prête ? »
Prise d’une vague d’excitation, Aléna courut jusqu’à sa porte, attrapa la poignée et se figea :
« Je vous rejoins dans peu de temps, laissez moi le temps de me vêtir. Dîtes à mon oncle que je serai prête.
-Bien ma fille, mais ne nous laisse pas languir trop longtemps. »
Lorsque les bruits de pas s’étouffèrent dans le couloir, la tenue d’Aléna était sur son lit. Elle avait envoyé sa confidente les faire faire et les ramener ici secrètement. Des chausses n’étaient pas une tenue pour une femme de son rang, et sa veste courte en cuir n’était pas plus appropriée, cependant il n’y avait rien de moins pratique qu’une robe pour partir à l’aventure. Elle enfila ses bottes hautes et ses gants de cavalière, boutonna sa veste et noua un foulard autour de sa taille avant de s’admirer dans son miroir. Mis à part les couleurs, sa tenue ressemblait en tout point à celle de son oncle la dernière fois qu’il était venu leur rendre visite. Il manquait cependant un dernier élément. Elle rejoignit son armoire toujours ouverte, saisit la dague et l’enfouit sous sa ceinture. Voilà, elle était fin prête pour l’aventure.
Trois nouveaux coups furent frappés à sa porte.
« Madame ?
-Oui, dîtes à mon père que j’arrive. »
Aléna se dirigea vers sa porte, le pas dansant et, avant d’ouvrir, se tourna vers Asride. Elle courut alors vers elle et la serra fort dans ses bras.
« Ne t’inquiètes pas, je serai bientôt de retour.
-Profitez bien de votre voyage. Votre aventure ne fait que commencer. Allez, rejoignez votre père maintenant. »
Avec un dernier regard pour elle, Aléna sortit de sa chambre.