Le palier

Le cœur prêt à exploser, Mazy gravissait les marches à toute allure. Elle devait faire vite, le ciel hurlait au rythme de la colère d’Ourkess. Il s’embrasait chaque fois que le dieu expédiait ses guerriers d’outre-tombe vers le royaume des mortels. Désormais, la détresse des faibles, de ses propres ouailles, vrillait ses oreilles à les perforer. Elle ferma les yeux et se laissa porter par ses jambes. À grimper de la sorte depuis tout ce temps, sa foulée s’était automatisée.

Mazy fut, de fait, surprise lorsque la foudre s’abattit sur elle. La douleur, vive et cruelle, l’empêcha de juguler sa chute. Elle heurta le sol, le souffle coupé, et rouvrit les paupières pour découvrir deux colosses.

Déjà, le duo la chargeait pour l’exécuter.

La demi-déesse roula sur elle-même, esquiva de justesse l’acier, puis se releva comme si la force du ciel l’avait tout juste effleurée. Dès lors, la joie marqua ses traits. Mazy tira sa hache et révéla sa posture de combat. Elle était prête à défaire les deux colosses, sur ce palier. La mélodie des plus fameuses batailles semblait habiter l’air autour d’elle.

« Ourkess, hurla-t-elle, j’arrive ! »

Toujours auréolée de la fumée produite par la colère du dieu de la guerre, elle se rua sur ses adversaires. Esquive. Parade et astuce. Le bras du premier colosse tomba au sol. Mazy s’effaça face au coup de masse de l’autre, le dévia et le força à frapper le blessé. Facile. Esquive à droite. Coup de pied. Parade. Esquive. Crochet du gauche. Le bois de sa hache heurta avec ardeur la mâchoire du deuxième, qui fut déstabilisé. La guerrière profita de la surprise pour cibler l’autre et l’assaillir de toutes parts, juste pour le titiller. Le pauvre bougre, déjà allégé pour partie de sa chair, opposait sa lame de justesse. Toutefois, il demeurait impassible, prêt à tuer. Cela amusa la demi-déesse.

Elle poursuivit ce ballet quelque temps, jusqu’à supprimer le colosse blessé.

Mazy réalisait tout juste l’ampleur de sa force qu’elle dût éviter le coup qui visait sa tête. Dès lors, la joie du combat s’estompa, pour laisser place à la colère.

Cet espoir de défaire, elle le devait aux mortels, à leurs prières, à leurs propres espoirs. Elle seule pouvait rallier la demeure d’Ourkess et le châtier. Ce pouvoir qui l’exaltait, elle l’accepta comme la charge de la déesse qu’elle souhaitait être.

Désormais portée sur l’attaque, Mazy se fit explosive, fougueuse. Brutale. Au vol, elle attrapa la boule d’acier avec ses doigts, l’arracha au colosse et lui ôta l’épaule droite avec sa lame. La suite fut rapide. Trois coups. Trois coups, et il succomba, morcelé.

Par éclairs et vives lumières, le ciel sembla célébrer sa victoire. Toutefois, Mazy savait qu’Ourkess laverait ce tort par d’autres massacres sur les mortels. Elle devait se hâter, et plus vite que jamais.

 

 

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