De l’autre côté

Lumière…

Éblouie…

Telle la statue des dieux, Mazy demeurait immobile, les yeux écarquillés. Seule cette clarté radieuse existait, et la paix qui l’auréolait.

Calme total…

Douceur de l’air…

La guerrière ferma les paupières pour mieux se laisser submerger par cette fraîcheur.

Le passé… Effacé.

Le futur… Oublié.

Le reste de sa vie semblait chimérique. Des bribes par-ci par-là. Emportées par le souffle céleste.

Sa geste était désormais derrière elle. Plus jamais de bataille. La lutte pour survivre et demeurer debout, close. Espérer briller pour attirer le regard d’Ourkess. Tout cela paraissait futile à ce jour.

Mazy se revit petite fille. Cette pauvrette qui déjà levait la hache et criait à tous qu’elle s’élèverait au-dessus d’eux. Meilleur qu’elle ? Jamais !

Qu’il faisait beau de ce côté de la porte. Elle remplit sa cage thoracique de cet air pur.

La porte ? Qu’était-ce que cela ?

Peu importait, elle était plus forte, plus rapide, et plus habile que ses adversaires. Peu de blessures au sortir des combats, jamais graves.

Alors pourquoi Ourkess refusait-il de lui offrir la place qu’elle méritait !

Elle serra les doigts. Puis les relâcha. La paix. La lumière. La paix. La lumière. Comme le rythme du cœur, cette vérité frappait l’esprit de Mazy.

Pourquoi sa tête crissait-elle ?

« Au secours ! »

Frappée par la rage et la peur, la guerrière rouvrit les yeux. Très vite, et avec la même colère, la vérité la submergea.

Elle était de l’autre côté de la porte. Elle avait réussi à l’appeler et à ramper jusque-là. Désormais, elle devait accepter et assumer sa charge, celle de protéger les faibles et de redresser les torts causés par Ourkess.

la trop forte lumière s’estompa et permit à Mazy de découvrir le palais du dieu de la guerre. Majestueux et tout de pierres beiges aux bords bleutés, il siégeait sur les hauteurs de Margohel. Le coteau qui le séparait d’elle laissait apparaître l’escalier qui la guiderait jusqu’aux portes colossales. Tout à fait close, cette barrière ouvragée offrait l’ultime obstacle visible. Plus de mille marches. Des paliers éclairés quadrillés de torches malgré le jour marqué, et parfois frappé par des flashs.

Peu importait. La guerrière était plus prête que jamais. Elle seule pouvait défaire Ourkess. Elle seule pouvait l’empêcher de détruire toute forme de vie.

Ce fut avec cette idée qu’elle amorça le premier pas qui la porterait face au dieu, au cœur de sa demeure.

 

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