S’occuper l’esprit

Voilà bien trop longtemps que je n’avais pas pris le temps de faire un de mes exercices. Dans celui-ci, il n’y a pas de combat héroïque, pas de dragon, juste un homme qui vit. Même si, il est vrai, la suite de son histoire n’est pas aussi vide de fantastique. Toutefois, j’ai réussi à faire un texte où il n’y a presque aucune référence à l’imaginaire. D’autant plus que si je prends en compte la règle des 400 mots que je m’étais fixée, je peux considérer que c’est une réussite, puisqu’il en fait 475.

Abikert s’occupait l’esprit comme il le pouvait. Et pour lui, cela ne pouvait se passer que d’une seule manière, agir. Rester prostré, le visage enfoui dans ses mains qu’elle disait si grandes n’était pas dans ses habitudes. Bien sûr, et pour une fois, il n’avait pu faire autrement. La nouvelle qu’il avait reçu l’avait abattu. Ses forces épuisées, son mental brisé. Il s’était laissé tomber sur le perron, les joues inondées de larmes.

La hache s’abattit sur le bois, poussée par une puissante rage, fendant bien plus que la bûche visée. Les deux bouts de bois s’envolèrent, rejoignant un tas incalculable de comparses. Le jeune homme aux cheveux qu’elle trouvait si doux et emplis de tant de reflets dorés ne se préoccupa pas du résultat de ses coups de hache. Il ôta son outil du tronc sans mal, attrapa une autre bûche, l’installa et se prépara à frapper de nouveau. Les bras au-dessus de sa tête, il amorça un mouvement descendant et attaqua le bois avec une rage évidente. Sans regarder le résultat de son action, il alla chercher une autre future victime puis recommença ces mêmes gestes qu’il effectuait depuis deux bonnes heures déjà. Il n’avait jamais compris pourquoi mais elle aimait le voir couper du bois. Un coup sec, deux bûches supplémentaires. Abikert leva les yeux, là où elle se trouvait habituellement. Agir ! Il empoigna sa hache avec ses deux mains qu’elle trouvait… Le métal pénétra profondément dans le billot.

Sa bien-aimée était partie, le laissant seul, chargé de souvenirs quotidiens et d’instants précieux. Abikert lui avait fait sa demande ici, sous cet arbre dans lequel ils grimpaient enfants. Elle aimait s’asseoir sur cette chaise d’où elle pouvait contempler le soleil se coucher, et d’où il pouvait l’admirer, son visage illuminé de rose, de rouge et d’orange avant que la luminosité ne soit trop faible. Ce perron avait aussi vu le jour où Giléal lui avait appris qu’elle devait partir. La maladie de son frère s’était aggravée et même si Abikert le chérissait autant qu’elle, s’aventurer en dehors des zones protégées pour trouver un remède miracle qui n’existe que dans les légendes était une folie menée par le désespoir. Abikert avait trop de caractère pour s’y plonger. Et pourtant, Giléal lui manquait. Et si ? Peut-être devrait-il…

Depuis le départ, il considérait qu’elle l’avait abandonné. Et si au fond, c’était lui le coupable ? Leur dernière conversation était peut-être un appel à l’aide. Et lorsqu’elle lui avait demandé de ne pas la suivre, elle voulait peut-être qu’il comprenne le contraire. Abikert n’avait jamais été très doué pour comprendre les gens. S’ils avaient une chose à dire, pourquoi ne la disaient-ils pas ? La tête désormais envahie de questions, il cessa tout simplement de réfléchir pour ne se concentrer que sur une seule possibilité. Quel idiot il avait été. Il devait la retrouver !

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