Le monstre des collines (Iélien)

Prenez garde, ce texte est le dernier d’une série de trois, aussi si vous n’avez pas lu les deux premières parties avec Albios et Bourti, je vous invite à le faire, et à me donner votre avis.

Ainsi, voici la troisième partie du monstre des collines. Jusqu’au bout, je n’arrivais pas à me décider sur la fin. Mais je n’en dis pas plus. Aussi, laissez-moi vous souhaiter bonne lecture, en espérant qu’elle le soit.

Cela faisait suffisamment longtemps qu’Iélien attendait ses deux frères, ils auraient déjà dus être là. Patient n’était pas le trait de caractère qui le définissait le mieux. D’autant plus que tout était prêt, son masque était posé à côté de lui et la peau de mouton qu’il devait revêtir l’attendait dans l’herbe non loin. Certes, en y réfléchissant, l’animal qui la portait autrefois n’était pas le plus judicieux, mais faute de choix, Iélien avait fait au mieux. Et puis, ses poils longs et noirs feraient parfaitement l’affaire. La réelle difficulté était venue du masque : ses talents de sculpteur étant plus que limités, le garçon avait grossièrement taillé une pièce de bois pour qu’elle ressemble au mieux à une tête de loup, à laquelle il avait attaché une autre peau de mouton pour faire la crinière. Dos au sol, le regard plongé dans les nuages qui défilaient, Iélien eut un petit sursaut en entendant des voix.

Il se tourna sur le ventre et, se plaquant contre l’herbe, jeta un petit coup d’œil aussi discrètement que possible. Enfin, Albios amenait Bourti, le piège allait se refermer. Avec un petit sourire dû à l’excitation de l’instant, Iélien se recula pour se soutraire à la vue de ses deux frères et enfila rapidement son costume de monstre des collines.

Cette idée venait d’Albios. Bourti n’arrêtait pas d’avoir peur de ces stupides histoires et toutes leurs tentatives pour le rassurer avaient échouées. S’ils parvenaient à lui faire plus peur que des contes alors il finirait par les oublier. Ce n’était pas bien malin, il le savait, mais ils n’avaient rien trouvé de mieux. Sans compter que si leur mère l’apprenait, Albios et lui seraient bons pour ne plus voir le soleil avant des années. Quoique, ainsi, ils n’auraient plus à nourrir les bêtes. Aaah, que ne ferait-il pas pour son petit frère ?

À nouveau, il entendit ses frères parler. Il était temps de s’y mettre. Mais qu’est-ce qu’il faisait chaud dans ce costume. Décidément, Albios avait le beau rôle. Il se promenait dehors avec leur frère pendant que lui commençait déjà à transpirer. Et qui serait celui que détesterait Bourti après cette farce ? Celui qui l’accompagnait et tentait de le rassurer ou celui qui arriverait en hurlant vêtu du costume du monstre des collines ? Nul doute sur la réponse. Même si au final, le coupable n’était pas seul. Enfin, Iélien ne comptait pas faire marche arrière maintenant. Aussi émit-il le plus redoutable grognement dont il fut capable.

Il entendit le cri de terreur de son petit frère, et la fierté ne fut pas le sentiment qui l’inonda. Courage. Il espérait toujours qu’après ça, Bourti ne croirait plus à ces fables. Et, tandis qu’il commençait à se redresser pour courir en hurlant vers son frère, un bruit sourd vibra à ses oreilles. Il se retourna par réflexe, et tomba nez à nez avec une gueule bavante, aux crocs aussi longs que des couteaux, comme son frère la leur avait décrite. Il n’eut pas le temps de hurler que cette gueule se referma en un claquement sur sa gorge.

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