Voici une autre petite histoire sur l’univers de La Guerre des Oubliés qui ne révèle rien, donc n’ayez aucune crainte en le lisant. Je n’en dis pas plus de peur de gâcher la fin.
Le sol du village tremblait sous les pas lourds de trois géants, des créatures aussi grandes que deux hommes réunis. Leurs immenses bras étaient achevés par des mains si grosses et puissantes qu’elles pouvaient détruire un mur de quatre pieds de large, et leurs jambes étaient semblables à des troncs. Ils grondèrent en montrant leurs dents et en faisant rouler leurs larges épaules, puis hurlèrent pour effrayer les villageois qui s’étaient figés en les voyant approcher. Voir ses hommes et ses femmes courir en tous sens les firent rires.
L’un des villageois s’approcha malgré sa peur apparente et s’agenouilla pour implorer leur pardon. L’un des géants fit un pas en avant, le surplombant de toute sa hauteur, les yeux durs. La seule réponse qu’il offrit à l’homme fut un puissant grondement de dégoût. Il assura sa prise sur une immense massue qu’il traînait et l’abattit violemment vers le chef des villageois.
Le bruit qui s’ensuivit ne fut pas celui de la chair écrasée mais celui du bois sur du métal. Les trois géants se regardèrent, intrigués. Celui qui avait attaqué releva son arme, révélant alors un homme en armure protégeant le malheureux de son bouclier. Il se redressa, aida le villageois au visage désormais illuminé et l’envoya rejoindre sa famille.
Seul face au célèbre trio de géants, le chevalier Lame Juste ne tremblait nullement. Il se tenait fièrement devant eux, tel le seul rempart des villageois. Son armure étincelait au soleil couchant et sa cape flottait doucement. Sa prestance était inégalée, puisqu’inégalable. Il dégaina son épée et la pointa vers les trois monstres :
« Je vous donne l’opportunité de rebrousser chemin pour ne jamais revenir, dit-il avec une clarté et une assurance qui surprit les géants. Obéissez et tout se passera bien pour vous, déclinez mon offre et je vous pourfendrai ici et maintenant ! »
Ayant appris l’arrivée du plus grand chevalier errant, tous les villageois étaient sortis de leurs maisons pour voir leur héros chasser les monstres qui leur volaient leur nourriture depuis trop longtemps. Ce courage soudain ne troubla pas les géants qui se préparèrent à anéantir l’intrus.
Ils levèrent leurs armes et chargèrent le chevalier Lame Juste. Il esquiva leur attaque conjointe, trancha d’un coup d’épée l’une des massues avant d’entailler profondément le torse de l’un des monstres. Il n’attendit pas qu’ils retrouvent leurs esprits pour… « Maître. »… pour « Maître, réveillez-vous. »
Albéus Montlointain ouvrit les yeux sur le bois de son bureau. Encore une fois, il avait travaillé tard et s’était endormi sur ses feuillets. Il cligna des yeux avant de se redresser doucement.
