Suite au chapitre précédent, j’avais laissé aux lecteurs qui m’ont suivi sur mon site et ma page Facebook deux semaines pour venir à bout du logogriphe proposé à Allir. Découvrez vers où cela a orienté l’histoire. Et vous, auriez-vous trouvé la réponse ?
Ses doigts se faufilèrent finalement vers son escarcelle, libérèrent la sangle, puis plongèrent un instant avant d’y puiser le morceau de parchemin. Marqué par de nombreuses pliures et quelques tâches, il offrit une nouvelle fois son contenu à la vue d’Allir. Ses lettres, ses mots, ses phrases, déjà trop lus et parfaitement connus, provoquèrent une montée de colère. Pour cause, sa réponse demeurait encore un mystère.
Allir déposa rageusement sa prise à ses côtés. Les mâchoires serrées, le cœur comme prisonnier de sa cage thoracique et malmené par sa pression, les sourcils froncés, il défia l’objet de son amertume. Le sentiment de faire face à un mur infranchissable l’écrasait. Lorsqu’il le regardait, il apercevait Aljère au-dessus, le raillant. D’autres se tenaient près de son rival pour le narguer et l’humilier plus encore. Derrière, il parvenait à entendre le mage rire sous cape, à la fois fier de lui-même et moqueur. Le tout contenu dans un petit bout de parchemin !
Son désir de victoire balaya cette vision aussi vivement que la colère l’avait envahi. Allir ramassa la note, la déplia tout à fait, et la tendit devant lui.
Comme pour la précédente énigme, la première partie paraissait évidente à ses yeux. Le mot recherché se formait de sept pieds, pour sept lettres. Les quatre premières qui se rapportaient aux premières lueurs désignaient forcément ‘’ aube ‘’. Pour ce qui était du troisième indice : Ôtez-moi en deux, je serai le bord d’un ruisseau. Il s’agissait d’une ‘’ berge ‘’. En associant ainsi les différents fragments, le terme attendu était donc ‘’ auberge ‘’, là où les gens peuvent s’offrir un repas et une nuit relativement douillette.
L’archilleur confirma, une nouvelle fois, ce qu’il avait déjà trouvé auparavant. Méticuleux, il s’efforçait malgré tout de reprendre ses réflexions depuis le départ, et poursuivit.
« Mes trois pieds sonnent comme ma tête », murmura-t-il.
Cette phrase laissait peu de place à l’erreur. Bien que plusieurs lettres se prononçaient comme un mot, comme h, ou m, par exemple, peu de ces derniers se limitaient à trois pieds. Ajouté à cela, si Allir considérait que ‘’ de ‘’ désignait le possesseur, ‘’ d ‘’ et donc ‘’ des ‘’, répondait bel et bien à la deuxième partie du logogriphe.
À la fois galvanisé par ses nouvelles confirmations et abattu par ses multiples échecs précédents, l’archilleur se retrouvait au même point que la veille, qu’au matin, et qu’avant sa venue à la fontaine. Le dernier mot à trouver demeurait encore un mystère à ses yeux.
Cependant, il s’arma de courage, gonfla les poumons, et défia le parchemin du regard.
« En quatre lettres, qu’est-ce qui peut être fait pour la guerre, ou tiré par des bœufs ? Une catapulte ?! s’agaça Allir. Tout peut-être tiré par des bœufs, nom d’un petit g… » hurla-t-il tout en se redressant, avant de réaliser que des passants le jugeaient.
Il se rassit. Puis, comme électrocuté par la magie, il se redressa vivement tout en déclarant :
« Un char ! »
Comme enflammé par sa découverte, les yeux de l’archilleur glissèrent sur le parchemin, lisant et relisant cette ultime partie. Puis il craqua.
« L’auberge des ? L’auberge des ? répéta-t-il. L’auberge des chars, des chars, des charrettes ! Ça n’a aucun sens ! »
Dépassé par son échec, Allir écrasa l’énigme imposée par le mage et quitta les lieux d’un pas rapide. À ce rythme, autant faire le tour de la ville et fouiller toutes les auberges !