En plus de me limiter à 400 mots, j’ai voulu cette fois suivre l’alphabet. Ainsi, chaque phrase commence par une nouvelle lettre.
Le début a été assez compliqué. Entre suivre cette deuxième contrainte, créer une histoire, une ambiance et un personnage, je me suis un peu perdu. Puis le caractère du héros s’est dessiné. J’ai donc dû recommencer et le reste a filé.
Malheureusement, je me suis arrêté à la lettre U, préférant ne pas ternir la qualité du texte. Ce que j’avais écrit pour le W se tenait, mais me décevait beaucoup, alors j’ai achevé l’exercice plus tôt.
Enfin, je ne vous retiens pas plus. Bonne lecture.
Appelant silencieusement Soupetard, le dieu du jeu et de la farce, Carmin jeta un coup d’œil hors de son trou. Bigre qu’ils étaient collants. Contrairement à ce qu’il croyait d’eux, ses poursuivants ne s’étaient pas découragés et continuaient à fouiller chaque recoin de la ruelle. Dommage, Carmin aurait pu passer la nuit dans cette cachette douillette. Enfin maintenant, il devait trouver une échappatoire. Franchement, pensa-t-il en regardant autour de lui, toute cette mascarade était-elle vraiment nécessaire ? Gratifier d’une lettre supplémentaire la banderole d’accueil du roi Renouille paraissait tout à fait naturel. Hélas, les hommes du duc ne semblaient pas du même avis.
Idéalement, il était désormais temps pour Carmin de décamper au plus vite. Jaillissant purement et simplement de sa cachette, il héla les cinq gardes et s’en fut à toutes jambes dans la ruelle à sa droite. Kopangne était un vrai labyrinthe pour qui ne connaissait que ses artères principales, ce qui offrait à Carmin un réel avantage. Lambinant un peu, il prenait le temps de narguer ses poursuivants avant de s’esquiver à un nouveau croisement.
Magnifique, de nouveaux ennuis. N’attendant que son arrivée, d’autres gardes, arme en main, se tenaient prêts au bout de la rue, juste en dessous d’une petite arche. Obligé de poursuivre vers ceux qui tentaient de lui barrer la route, Carmin accéléra, tout sourire. Prenant un bel élan sur la fin à quelques mètres seulement des gardes, il sauta sur une caisse, puis une autre et plongea, les mains en avant sur le haut de l’arche. Quand elles touchèrent la pierre, il se repoussa, replia les jambes et s’envola presque au-dessus des gardes. Restant les pieds joints, il se dégroupa en l’air, le regard tourné vers sa zone d’atterrissage, et roula à l’impact. Stupéfaits, dégoûtés, les réactions de ses admirateurs le firent sourire. Unissant ses index et ses pouces, Carmin immortalisa la scène, l’œil gauche clos, avant de reprendre sa course dans le quartier des docks, son paradis de cachettes et d’obstacles en tout genre.