Voilà longtemps que je n’avais pas écrit un texte sur un aventurier en pleine action. Et même si les premiers mots de ce texte étaient très clairement ancrés dans mon esprit, le reste est venu petit à petit. Ainsi, voici l’aventure du chevalier Izmir Kurkewaïn.
La lune bleutée se reflétait sur l’une des faces de la lame à nu, tandis que les flammes dansaient sur l’autre. Torche en main, le chevalier Izmir Kurkewaïn des hauts plateaux du ponant s’avançait vers l’entrée de la grotte. Et si ni les milliers de lieues parcourues, ni les créatures infernales, ni la traversée du marais maudit dans lequel il marchait depuis quatre jours ne l’avaient fait reculer, alors il n’avait aucune raison de faire demi-tour ici. La grotte du Mort Dans avait certes, selon la légende, vu des centaines de ses prédécesseurs tentaient d’y pénétrer pour ne jamais en ressortir, mais elle était aussi une promesse de richesses et de pouvoir. Ces détails n’étaient cependant pas primordiaux pour le chevalier. Ses parents, déjà bien âgés, possédaient les plus belles montagnes d’or, leurs coffres étaient en plus grand nombre que toutes les autres baronnies réunies. Le chevalier Izmir ne recherchait plus que la gloire. Il serait celui qui récolterait les honneurs de cette quête.
Ses exploits, il ne les avait pas accomplis sans un minimum de préparation et de réflexion. Nombre de ses confrères chevaliers, et même certains membres de sa famille, avaient critiqué ses méthodes, les jugeant souvent comme peu chevaleresques, voire couardes. Mais, contrairement à beaucoup de ces derniers, lui était toujours en vie. Enduire sa lame d’ulimium pour affronter un alventreur était loin d’être lâche. D’autant plus que voir le résultat de la charge classique d’Allanger Heurfin n’avait guère poussé à l’imitation. De même, utiliser un bouclier, création de ces sauvages des lacs du levant, pour se protéger contre les jets de piques de la jiiate ambrée avait porté ses fruits. Le jeune Swaij n’avait pas survécu longtemps criblé comme il l’avait été. Dans le fond, Izmir Kurkewaïn ne se sentait pas lâche, mais averti. Et il allait le prouver à tous en prélevant un trophée d’une valeur inestimable. Le problème, et lui en avait conscience, était que si une fois le monstre défait il se trouvait face au plus grand trésor que le monde ait connu, jamais il ne pourrait prendre tous les coffres et l’or qu’il contenait sur son dos, ni même sur son cheval.
Quoiqu’il en fut, le trésor ne se trouverait pas tout seul. Le chevalier prudent, ouvert à tout danger, regarda les environs. Le marais n’offrait aucune réelle protection en cas de repli, la roche sur laquelle il commençait à avancer semblait tout ce qu’il y avait de plus solide. Levant la tête, il prit soin de regarder les grandes stalactites. Elles tiendraient, aucun doute. Nul monstre ne viendrait les décrocher pour qu’elles lui tombent dessus. De toute façon, il n’y avait aucun cadavre de visible ni de pièce d’armure rouillée qui traînait, le danger n’était donc pas immédiat. Aussi, se décida-t-il à s’avancer prudemment jusqu’à… plus rien. Le monstre géant de la grotte du Mort Dans avait de nouveau refermé sa gueule sur un aventurier imprudent.