Combat pour la liberté

Assis avec frivolité, presque avachi, Ourkess observait l’irritable femme lutter. Esquive, parade, pas de côté pour rallier la faille chez le pillard visé, elle frappa pour tuer. Et tua sa troisième victime. Sa hache, ultime cadeau du Faiseur, découpa l’acier et la chair avec la même grâce que le soleil colorait le ciel au coucher. Voici pourquoi elle était si forte, elle trichait.

Toutefois, le dieu devait avouer qu’elle savait y faire. Sa méthode, brutale et sauvage, attestait de sa maîtrise, affûtée par toutes les batailles auxquelles Mazy avait participé. Elle frappait là et lorsqu’il le fallait, puis se retirait avec habileté pour laisser l’orage passer. Voilà sa faiblesse ! Voilà pourquoi elle survivait à coup sûr. Lâche qu’elle était, ce simulacre de guerrière redoutait la mort. Elle se gargarisait de défaire, de tuer et de demeurer. Puis elle beuglait pour les mêmes mobiles.

Ourkess se redressa, à la fois fier de lui et railleur. Cette femme ridicule méritait de crever et d’être oubliée à l’ombre du premier fossé. Si elle espérait se voir accueillir ici, elle pouvait poursuivre cette chimère jusqu’à ce que la vie la rattrape, ou plutôt sa létalité. Cette peureuse, face à lui ? Jamais !

Comme pour lui prouver sa méprise, Mazy accepta de se laisser blesser à l’épaule pour, du même geste, découper deux de ses adversaires. Le premier bras tomba, puis le torse, le deuxième bras, et pour achever le tout, la tête de l’autre victime. Déjà dix de défaits, plus que six.

Rageur face à cette image victorieuse, Ourkess frappa l’accoudoir. Il restait toujours quelque espoir pour que Mazy périsse, mais il doutait que cette troupe d’idiots réussisse. La guerrière para l’attaque qui visait sa gorge, laissa glisser la lame de l’épée qui approchait puis la projeta vers le supposé chef et profita de l’ouverture. Plus que trois.

Le pitoyable trio se regarda. Chaque membre priait pour voir les autres courir à toutes jambes et fuir aussi. Mazy choisit pour eux. Elle qui pouvait désormais jouir de sa supériorité s’éveilla. Pris par surprise, et surtout de vitesse, le voleur de gauche perdit la vie au premier geste de la femme. Le deuxième coupe-jarret implora, et tomba. Le troisième fit volte-face et reçut la hache au creux des omoplates.

Faible peut-être, mais pas miséricordieuse. Ourkess sourit.

La suite fortifia sa remarque. Mazy hurla à tout le village qu’elle voulait voir le maître des lieux, qu’elle devait le voir. Elle qui était là pour aider avait été trahie et écrouée. Désormais, elle exigeait de disposer de la vie du coupable ! Elle était prête à le trouver elle-même s’il le fallait. Mais cela coûterait plus cher.

Dès lors, l’homme fut jeté dehors.