La chasse aux nuages

 Cette histoire est un moment de paix, de calme où rien n’existe si ce n’est l’instant présent. J’avais besoin d’écrire un texte où la quiétude est la seule vérité, un texte où ni la tristesse ni les pensées sombres n’ont lieu d’être, et je pense y être parvenu. Sans compter que j’ai à peine dépassé de 77 mots les 400 désirés.

Il inspira profondément, emplissant ses poumons de l’air au doux parfum des fleurs qui l’entouraient. Ses lèvres s’ouvrirent en un large sourire et bientôt, des éclats de rire non retenus vinrent rompre la tranquillité des lieux. Très vite, des larmes de joie perlèrent à ses yeux. Azel ne savait pas pourquoi, mais chaque fois qu’il s’allongeait dans cette plaine après des mois d’absence, il se mettait à rire ainsi, comme libéré de toute pression, de toute peur. Et comme chaque fois, tout ce qui pouvait lui rendre son calme étaient les chaudes douleurs qui naissaient dans son ventre à force de rire.

Comme la vie était belle ici. Il s’essuya les yeux, retenant sa joie de s’exprimer de nouveau aussi intensément. Le ciel était bleu, des oiseaux chantaient dans l’arbre sous lequel il s’était abrité du soleil, et les papillons voletaient tout autour de lui. Il y avait trop de fleurs pour qu’ils puissent se décider aisément. Azel tendit le bras et en cueillit une aux pétales vifs, émeraudes et jaunes. Il la porta à son visage, fourra son nez dans son cœur et inhala longuement son parfum. Nulle fleur n’avait d’égale la mareine ; l’intensité de ses couleurs, son touché velours, ses pétales longs et souples, et son parfum, mélange subtil de miel épicé, de chocolat et d’une note de fraîcheur, en faisait la fleur préférée d’Azel. Sa finesse et sa grâce était bien plus raffinées que l’hirmia, la fleur des rois, et sa force lui permettait de résister à tous les intempéries. Certaines parvenaient même à percer la neige en plein milieu de l’hiver.

Azel rangea délicatement dans la poche de son veston sa prise, et s’adonna à la suite de son rituel de retour : la chasse aux nuages. Ils étaient nombreux en ce jour, et cela ne ternissait en rien sa joie, bien au contraire. D’une part, il ne faisait ainsi pas trop chaud, et d’autre part, il n’avait aucun mal à trouver une forme amusante dans l’un d’eux. Là, une poupée de chiffon, ici, un cheval bondissant. Plus haut, il reconnut un visage soufflant sur un nuage déformé par le courant. Il chercha un instant avant de trouver ce qu’il cherchait, ce qu’il rêvait un jour de voir en chair et en os, un dragon. Son corps fin et ondulé semblait danser dans le ciel bleu, sa tête en pointe promettait une puissance que nulle autre créature ne saurait surpasser. Même son regard paraissait vivant, empreint d’une sagesse infinie.

La tête désormais emplie de rêve, Azel se tira un peu plus loin sous l’arbre et ferma les yeux, le sourire aux lèvres. Cette fois, et avec un peu de chance, il parviendrait à le trouver ce dragon qu’il poursuivait depuis des années. Cependant, chaque fois il ne le voyait qu’en vol et trouvait sa tanière vide. Peut-être son songe allait-il être différent.

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