Frayeur dans les bois

Des phrases pas plus longues que 7 mots ? Il me fut difficile de réaliser un tel exercice sachant que j’aime décrire le décor dans lequel évolue le personnage. Il me fallait constamment freiner mes élans et reformuler mes idées, compter, réduire et porter une plus grande attention à mes phrases. Il me faudra le refaire, cela m’a obligé à travailler d’une manière bien différente.

Hézaert était d’ordinaire un garçon courageux. Peu de choses l’effrayaient. Il ne reculait jamais devant un adulte. Même lorsqu’il avait volé du pain. Mais, ce soir, c’était différent.

Il aimait la nuit. Il était libre. Elle le masquait aux yeux des autres. Il n’était jamais aussi libre le jour. Elle n’était que calme et secrets. Le mystère planait dans les rues. Hors, ce soir, c’était différent.

Il était loin de la ville. Le bois était sombre, trop sombre. L’air y était lourd. Une brume opaque obstruait sa vue. Hézaert entendit un bruit derrière lui. Il stoppa sa course et se retourna. Sa gorge était sèche. Ses poumons le brûlaient. Mais rien ne bougeait dans son dos. Il regarda rapidement dans tous les sens. Rien, personne. Il savait pourtant qu’il était proche. Le garçon ne devait pas attendre plus. Il reprit sa course éperdue, toussotant. S’il le rattrapait c’était fini. Un autre bruit, sur sa droite. Il vira sur sa gauche, sans réfléchir. Un craquement à gauche. Impossible, ce qui le poursuivait était seul.

Le cri d’une chouette proche retentit. Son cœur se crispa, paralysant son corps. Son pied se prit dans une racine. Le choc contre le sol fut violent. Ses genoux heurtèrent du bois. Ses mains s’écorchèrent. Il glissa sur un tapis de feuilles. Hézaert sentit des larmes monter. Mais il les ravala. Elles n’avaient rien à faire là ! Il ne devait penser qu’à fuir. S’échapper, sortir de cette forêt. Des bruits se rapprochaient de lui. Impossible de se repérer. La brume épaisse cachait même ses mains. Il se redressa à tâtons et partit.

Sortir, sortir, courir, vite et loin. Il devait s’échapper de la forêt. Impérativement. Sans penser qu’il était totalement perdu. Tout en courant, il essaya de réfléchir. Il était parti du grand arbre. Puis s’était tourné vers la ville. De là, il avait couru tout droit. Peut-être avait-il trop dévié. Une forte douleur naquît dans son ventre. Sa gorge était sèche, il déglutit péniblement. Il était difficile de réfléchir ainsi. Mais il s’y força. Il avait effectivement dévié. Ce n’était pas si grave. Hézaert devait seulement retourner en ville. Pas rejoindre une rue précise. Tout, tant qu’il sortait du bois.

La brume n’était pas plus épaisse ? Autour de lui, les troncs étaient flous. Presque invisibles. Un souffle de panique s’éveilla. Elle l’était moins près de la ville. Il s’était trompé ? L’épuisement se fit sentir. Il tituba. Ravala ce qu’il put de salive. Et tomba. Il se tourna sur le dos. Les bruits se rapprochaient de nouveau. Il sourit tristement. Il avait réussi à le distancer. Désormais, il était trop fatigué. Un buisson s’agita. Impossible de voir ce que c’était. La nuit était trop sombre. La brume, opaque, l’empêchait de voir. Un buisson s’agita. Non loin de lui, il devait le regarder. Tandis que lui ne voyait rien. Le buisson bougea de nouveau. Il devait s’amuser de le voir. Il se jouait d’Hézaert, de sa proie. Le garçon n’avait plus de force. Il cherchait avidement de l’air. Sa main était posée sur son ventre. Sa douleur était vive. « Vas-y, attrape-moi, souffla le garçon. » Une forme sauta du buisson. Et fondit sur le garçon. « J’ai gagné ! »

L’autre garçon était tout aussi fatigué. « Tu cours vite Hézaert. J’ai cru ne jamais t’avoir. » Il tomba à genoux pour se reposer. Hézaert était déçu d’avoir perdu. Cependant, il pouvait enfin souffler un peu. Mais, son souffle se coupa net. Le buisson avait bougé ? Les deux garçons se regardèrent, inquiets. Rien, plus de bruit. Ils sourirent. La fatigue leur jouait des tours. Un puissant grognement retentit.

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