En finir

Les solerets courts cousus sur ses bottes cliquetaient à chacun de ses pas. Renvoyant la vive lumière du soleil perçant les fenêtres, leurs griffes étincelaient. Décorées au repoussé, gravées au ciselet puis damasquinées au fil d’argent, elles venaient compléter la tenue d’apparat. Le bleu nuit de sa tunique soulignait le travail d’orfèvre nécessaire pour réaliser une telle prouesse. Sur son torse, un plastron à l’effigie d’une créature mythique en représentait la pièce maîtresse. Les flammes coulaient hors de sa gueule béante aux crocs fins et acérés. Une corne ouvragée glissait sur chaque épaule avant de se perdre vers l’extérieur.

Le duc frappa du poing sur son plastron avant de se tourner vers ses conseillers: « On m’appelait le dragon d’Arméant !!! » Sa voix retentit dans les longs couloirs de marbre du palais. « Pas le loup, ni l’ours ou encore le sanglier ! Le dragon, vous m’entendez ?! Alors, expliquez-moi comment ce vanupied parvient à me ridiculiser de la sorte. J’ai beau m’appliquer à suivre vos directives, il s’esquive après chacun de ses méfaits.

-Monseigneur, je vous présente mes plus sincères excuses. Jamais ces tonneaux de sardines n’auraient dû se trouver là.

-En effet, Monlier, clama le duc en le fixant, jamais ! » Il le pointa du doigt : « Et je vous en tiens personnellement responsable. »

La carrure charpentée du duc, plus épaisse encore qu’à l’époque où il combattait sous le drapeau du roi, convainquait quiconque de l’écouter avec la plus grande attention. Sa tunique, parfaitement coupée, laissait apparaître ses épaules massives. À leur extrémité, de larges mains capables d’enserrer n’importe quoi jusqu’à rupture. Le duc observa avec joie la pomme d’Adam de son conseiller monter avant de redescendre.

Le message étant passé, il reprit son chemin, bientôt suivi par ses trois hommes.

« Comment se fait-il que vous ne l’ayez pas encore trouvé ?

-Cet homme est un fantôme Votre Excellence, lui répondit le sieur Gonrand. Nous ignorons tout de lui et il parvient à semer nos hommes …

-Il travaille sur les docks, intervint une voix alors qu’ils pénétraient dans un salon. »

Le duc, surpris, se tourna vers l’impromptu, le regard menaçant.

« Qu’est-ce que c’est que ça encore ? Qui êtes-vous ?

-Monseigneur Guaal, duc de Kopangne la cosmopolite, dit le dragon, je me présente humblement à vous avec un plan pour contrecarrer celui qui insulte votre nom et votre héritage.

-Je vous écoute, monsieur ?

-Yarflel, Monseigneur.

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