La colère du guerrier

« C’est impossible, vous essayez de me piéger, affirma Gormo, le dieu des cycles. La médiocre prouesse de cette guerrière est restée imperceptible, ou alors elle a succombé sous les coups des pillards. La probabilité qu’elle ait survécu et que cette fable que vous suggérez puisse s’avérer viable demeure pure folie. Je le répète, poursuivit-il avec dureté, il est impossible que sa geste s’éveille!

– Je vous l’avais dit. »

Faraky, la déesse de l’Amour, de la fertilité et de la beauté, souira, lasse. Elle passa ses doigts délicats parmi ses cheveux d’or et admira la voûte vitrée. La mer aux éclats multicolores qui s’y reflétait cultiva sa rêverie. Elle laissa l’air se faufiler, jusqu’à emplir sa cage thoracique. Puis elle sourit.

« Mes frères et sœurs, vous sous-estimez ce que cette femme est prête à faire. Elle a décidé d’épouser l’immortalité, celle du dieu de la guerre. Seule la mort pourra stopper la force qui l’exalte. »

Sa bouche s’étira pour la deuxième fois, puis se durcit. Le regard qu’elle portait vers les autres dieux se refroidit, elle laissa apparaître des crocs acérés.

« Je vous avertis. Si vous espérez pouvoir l’abattre pour couper court à cette histoire, j’aurais plaisir à achever la vôtre.»

La surprise marqua le visage de tous.

« Faraky, tout de même, tu…

– Si, j’oserai ! J’ai pour devoir de guider les âmes sœurs ! Je compte dès lors rallier la cause de Mazy, et étayer les efforts de Garguyme pour l’aiguiller jusqu’ici.

– Calme-toi, c’est hors de propos, s’immisça Armouth, le dieu des morts. Attaquer tes frères et sœurs, sois réaliste. »

Il coupa l’essor de la déesse :

«  Garguyme a triché, mais cela lui est propre. Que tout autre que lui agisse de la sorte, et il courra à sa perte. Et peut-être plus. Rappelez-vous que la childa locale a été dépêchée pour régler cette délicate affaire.

Le sol trembla alors que la déesse ouvrait la bouche pour répliquer. Puis le calme reprit sa place. Chaque immortel savait de quoi résultait cette secousse, voilà pourquoi le groupe se tut. Il redoutait la suite. Surtout, il refusait d’admettre que cela puisse être possible. Mais le fait se répéta. À plusieurs reprises. Jusqu’à se préciser et former l’écho des pas d’Ourkess.

Il était sorti de sa demeure pour hurler sa colère. Peu importait l’humeur de Faraky, la philosophie d’Armouth, ou le flux et le reflux de Gormo, Ourkess frapperait !

 

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