Courage Jolie Rose

Cette histoire mentionne la jeunesse d’Albéus Montlointain, mais rassurez-vous, rien n’y est vraiment révélé. Ou, tout du moins, rien de capital.  Cependant, comme tous mes exercices, celui-ci est un premier jet et lorsque je l’ai écrit, je n’ai guère réfléchi à un détail. Il se trouve donc, que notre savant est déjà fortement lié à son animal favori, hors, si l’on prend en compte son âge dans l’histoire principale et la longévité des mules, cela devrait plutôt être leur premier trajet ensemble.

Son corps lui paraissait lourd et pourtant ô combien désireux de se hâter. Un vent frais et léger venait caresser son visage rougi. Ses yeux balayaient sans cesse l’horizon, désireux de voir au plus vite ce qu’il attendait depuis bientôt six mois. Tel un petit enfant trop pressé, il battait des pieds dans le vide, trop impatient qu’il était. Sa monture renâcla, lui signalant une fois de plus que les petits sursauts incessants du chercheur ne l’amusaient guère. Et, comme étrangement il ne semblait pas la remarquer, elle cessa tout simplement d’avancer.

Albéus nota le changement soudain. Comment avait-il pu ainsi oublier le bien-être de sa Jolie Rose ? Il flatta l’encolure de sa mule pendant de longs instants, lui présentant ses plus sincères excuses. Cet animal n’était pas un simple moyen de transport à quatre pattes à ses yeux, Jolie Rose était une compagne de voyage, fidèle, courageuse et il en était sûr, aussi désireuse que lui de découvrir le vaste monde. Et dire que, depuis leur départ de Cœur-Franc, il n’avait cessé de la pousser pour qu’elle se hâte le plus possible. Elle ne méritait pas un tel traitement.

Bien que pressé et attendu, Albéus descendit du dos de sa mule pour lui offrir un peu de répit, et d’herbe fraîche. Il la laissa paître, profitant de l’occasion pour étirer ses propres muscles. Son dos le faisait abominablement souffrir. Cette réflexion le fit quelque peu sourire, il devait vraiment réaliser le fauteuil auquel il avait pensé. Avec cela, plus aucun voyage ne serait aussi peu confortable. D’autant plus qu’il ne serait pas jeune éternellement. Cependant, et il ne s’en plaignait pas, son travail de Premier Inventeur lui prenait beaucoup trop de temps pour s’y pencher sérieusement. Sans oublier que la charge de Jolie Rose s’en verrait grandie, et le savant n’avait aucune envie de transférer son malaise sur le seul animal qui le tolérait. Un nouveau sourire étira ses lèvres. C’était plutôt lui qui avait peur des autres animaux. D’autre part, comment avoir confiance en ces chevaux ? Il les trouvait trop grands, ils pouvaient vous écraser en un rien de temps tant ils étaient puissants. Et cette lueur dans leurs yeux. Rien que d’y penser, il en frémit.

Quand il eut fini de s’étirer, Jolie Rose le regardait de ses yeux pleins de confiance. Elle avait suffisamment mangé et l’attendait pour repartir. Elle secoua cependant la tête lorsqu’elle comprit que l’excitation avait de nouveau envahi le savant. Il s’en rendit compte à son tour et se força à calmer son pas. Exercice d’autant plus difficile lorsqu’il repensait qu’enfin il allait voir le résultat d’un premier, long et épuisant travail. Premier pour lui et par son importance, et surtout long et épuisant pour les ouvriers qui avaient dû mettre en œuvre ses plans. Enfin, il allait assister à la pose de la dernière pierre et à l’allumage de sa version améliorée des feux d’alarme. Désormais, Cœur-Franc allait posséder des phares d’alarme.

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